Chroniques d’une génération discrète et vieillissante.
Génération 81 ! Dans 3 ans, on aura 30 ans ! Déjà à l’époque Pierrot savait qu’on allait en chier alors il nous a fait une ‘tite chanson mais la franchement il fallait pas.
Tout part en couille depuis deux semaines. L’économie, le logement, la nature, la santé, la liberté, la paix, la sérénité, la sexualité, l’emploi, rien ne va plus, faites vos jeux ! Depuis 3 jours, les journaux crient RÉCESSION. Mais notre vie entière n’a été qu’une putain de longue récession ! Nés au début des années 80, nos parents ont effleuré une vie facile de fin de période faste. De cette parenthèse il ne nous reste plus que nos lambeaux de doudous chers et moelleux (ou souvenir de doudou) pour pleurer. Les premiers mots que l’on a dû écrire à la craie sur les tableaux noirs furent TRAVAIL, CHÔMAGE, SIDA et INCERTITUDE. Ok…
Peut-être pas le dernier, mais il englobe tout ce qu’il se passait à l’époque, révolution culturel en Europe de l’Est, ça c’était bien, les premiers attentats corses et religieux, ça c’était moins bien, plan vigipirate, guerre du golfe ou encore l’ombre de la faillite du système des retraites due aux premières quintes de toux de la génération 68. Tout un tas de choses bien pesantes qui sont venues s’ajouter au poids déjà conséquent de nos TATONTAN’S bourrés de livres incomplets.
Je pourrai copier-coller les listes qu’on reçoit régulièrement sur les petits trucs qui font de nous de vieux cons qui regrettent les Raiders, les bananes Waïkiki, les T-shirts « Z », sans parler de toutes nos séries, qui heureusement remplissent les grilles de programmations de la TNT et du câble. Mais non je n’en ferai rien, puisque des gens l'on trés bien fait et que bon, dans 3 ans, on aura 30 ans ! Simplement, pour resituer, pendant 15 ans nous avons vécu sans téléphone portable ni Internet... C'est tout.
Je n’ai jamais vu une génération comme la nôtre qui soit aussi semblable à l’échelle mondiale, même culture, même malaise et qui est pourtant aussi individualiste. Je ne le reproche pas, je le suis, on a été éduqué comme ça. Pour ma part depuis que j’ai 8 ans, on m’a dit que ça allait être très dur, qu’on était très nombreux pour peu de place. Ça n’encourage pas franchement à faire des bisous à la terre entière. Finalement j’ai simplement l’impression que le temps joue contre nous, on ne change pas aussi vite que les années qui passent.
C’est assez compliqué de vouloir généraliser parce qu’évidemment parmi nous, enfants de la génération 81, certains se blindent à Londres dans la finance, moins en ce moment certes, d’autres jouent de la guitare sous des ponts entre deux teufs, d’autres finissent leurs 6ème gamins, d’autres sont suicidés… C’est très varié, évidemment. Si je pars de ce que je vois, cette année notre génération a acheté son premier appart et commence à se marier ! Mariage, appart, c’est pas rien comme cap, ça commence à sentir le labrador et le Scénic… Odeur encore un peu proche de celle du sapin pour moi, mais je commence à me faire à l’idée. On bosse depuis 2 ou 4 ans, on aime pas ça, mais on ne gueule pas… Parce qu’on ne gueule pas de façon générale.
Dépolitisé pour la majorité, on reproduit les schémas électoraux de nos parents, sans grande conviction. On a compris qu’il fallait regarder la main dans la marionnette et pas le simple Guignol avec son bâton et sa Rolex qui voltige au bout. (J’ai voté Bayrou et Sarkozy). Le système est mondial, l’économie est toute puissante et le contre pouvoir révolutionnaire officiel est un fonctionnaire payé par l’État. Mais malgré tout nous luttons à notre façon. Congés maladies, nonchalance, grosses soirées en semaine, sites pour glander la journée, on n’est pas à fond, enfin pas tout le temps, on se contente de simplement faire un peu plus que ce que l’on nous demande histoire d’être tranquille. Sous payés, on sous travaille, logique. Sans banderole notre lutte est discrète mais efficace. Mais on parvient tout de même à s’épuiser, on se stresse, on s’antalgise pour oublier, on s’anxiolytise pour tenir, on s’alcoolise sans raison, on se surmène, mais dans le fond c’est ce qu’on voulait.
Paumés ? Pas franchement, tout le monde semble plus au moins savoir ou aller. On se drogue douce pour mieux dormir et preuve qu’on a un peu la tête dans le guidon, on a remis la cocaïne au goût du jour. Seul stupéfiant compatible avec une vie professionnelle assez dense. Pas d’opium, peu d’héro, rien de trop dur finalement, à nos âges, on commence à faire attention, on sait que seuls les enfants sont immortels, et nous ne sommes plus des enfants. À notre grand regret finalement, on n’a pas fait notre crise d’ado. Pas de grandes manifs, pas de mouvement punk décadent, pas d’exode dans le Larzac… Rien de tout ça, conscient trop jeunes que ça allait être très compliqué, on a refréné nos élans en se laissant pousser les cheveux, trouant nos jeans et écoutant un candidat au suicide à la carrière trop « Kurt ». On remuait nos corps en pleine évolution sur de l’electro naissante, en criant NO NO NO LIMIT…
Et aujourd’hui, que fait on quand on s’oublie ? On nostalgise ! On nostaligise à plein tube certain avec classe, et affiche clairement leurs couleurs et leurs musiques 90’s, avec les belles soirées exutoires et d’autres de façon nettement moins fine. Les mass média nous ont dans leurs viseurs. La petite Magali dont nous étions amoureux en CE1, est tout bonnement en train de devenir la ménagère de moins de 50 ans type. TF1 l’a bien compris et nous renvoie LA ROUE DE LA FORTUNE, LA FAMILLE EN OR et toutes ces merdes que nous adorions… À quand le retour de TOURNEZ MANÈGE 2.0 entièrement financé par Meetic ?
A suivre...
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